«La querelle avec le monde qui nous entoure est le poème de notre vie»
Félix-Marcel Castan se définissait lui-même d’abord comme écrivain. En òc et en français. Son champ d’action et de réflexion est celui de la littérature.
Dans l’une de nos dernières rencontres, quelqu’un soulignait l’étendue des initiatives de Félix Castan : littérature française et occitane, baroque, théâtre, poésie, cinéma, arts plastiques, danse, musique… Bien sûr, chacun de ses engagements répond à des circonstances historiques. Mais au-delà, il a transformé Montauban en laboratoire expérimental d’une décentralisation culturelle véritable, venue d’en bas et non décrétée par Paris. Sans autorisation ni soutien d’aucune institution ou université. Libre, mais sans les ressources nécessaires. Sans légitimité officielle.
En 1954, il a d’abord créé Art Nouveau avec son épouse Marcelle Dulaut, peintre, qui a réuni chaque année à Montauban les artistes de la région toulousaine. Manifestation qu’ils ont ensuite transportée à la Mòstra del Larzac en 1968. Ce qui a été pour eux l’opportunité d’élargir leur champ d’investigation à tout le sud. Ils ont alors créé la revue Mòstra «Tribune de décentralisation culturelle».
En 1957, avec sa sœur Jeanne, comédienne, élève de Charles Dullin, il a fondé le Festival de Montauban sur la Place nationale qui, dans les années soixante dix, prendra des couleurs occitanes avec la participation active et fidèle d’André Benedetto. Parallèlement, Félix Castan a créé une biennale de poésie française, occitane, espagnole et catalane. La troisième et dernière a lieu en 1962.
À partir de la Place nationale, il fonde en 1963 le Centre d’Étude du Baroque avec une revue et des colloques qui réunissent dans cette ville tous les chercheurs les plus éminents sur le sujet.
Viennent ensuite le Forum des Identités Communales avec le Groupe de Larrazet autour d’Alain Daziron et en 1984 Montauban Caméra avec Christian Poulanges, les éditions Cocagne avec Betty Daël, les ADN, Assises de la Décentralisation Nationale. Ces activités réunissent toutes les disciplines culturelles fédérées au sein du Carrefour d’Occitanie. C’est aussi à cette époque qu’il connaît un écho chez les musiciens : Claude Sicre et la création de la Linha Imaginòt et Bernard Lubat au Festival d’Uzeste, Massilia Sound System, Nux vomica à Nice.
La confusion apparente disparaît et tout devient clair et évident dès qu’on prend de la hauteur. Cheville ouvrière aux côtés d’Ismaël Girard, à plein temps dès 1947, de l’Institut d’Études Occitanes et de la revue Òc à partir de 1948, Félix Castan porte l’ambition d’en faire un mouvement culturel de diffusion de la culture occitane : une force inaliénable, un contrechamp efficace contre l’avancée du centralisme parisien. Pour la littérature, mais aussi pour toutes les autres disciplines, le territoire où est parlée la langue d’Òc, déterminant un chantier d’observation et de mise en valeur de tout ce qui s’y produit. L’Institut d’Études Occitanes fait d’autres choix stratégiques et Félix Castan est exclu. Il réalisera seul la mission qu’il pensait être celle de l’Institut d’Études Occitanes.
Dans chaque discipline, Félix Castan s’est allié avec les créateurs d’avant-garde pour les rassembler et leur permettre de réfléchir sur leur condition. Chacun dans sa solitude et face à son échec pour faire connaître son travail ne pouvait, à courte vue, qu’accuser la malchance ou adhérer au mythe de l’artiste maudit. Ils prenaient ainsi au contraire conscience que leurs difficultés ne devaient rien ni au hasard, ni à une quelconque malédiction mais étaient la conséquence d’un unitarisme de la pensée qui mène à l’anéantissement.
Il soumet chaque idée à l’épreuve de l’action et théorise chacun de ses actes.
Militant de la nation une politiquement et culturellement plurielle, il propose un contrechamp déterminé par la langue, la culture et les villes d’Occitanie et rend possible une altérité culturelle. L’exemple de ses actions, toujours dérangeant aujourd’hui, met plus que jamais en cause le règne de la pensée unique.
PS – Au-delà d’un occitanisme étroit, l’actualité récente illustre le génie visionnaire de Félix Castan : Olympe de Gouges au Panthéon. Dès les années quatre-vingt, il avait entrepris de réhabiliter cette concitoyenne comme auteur, selon le principe que si chaque ville en France rendait justice à ses créateurs inconnus ou oubliés, l’histoire de la culture et de la pensée universelles en serait bouleversée et largement enrichie.
Premiers signataires : Marguerite Ayot – Francis Blot – Anne Castan – Béatrice Daël – Alain Daziron – Michel Ducom – Bruno Queysanne – Alain Raynal
Je signe et je fais signer (nom, prénom, adresse, numéro de téléphone, mail) : à retourner à l’association des éditions Cocagne : http://www.cocagne-editions.fr/ (par mail : beatrice.dael@wanadoo.fr)
30 rue de la Banque – 82000 Montauban – tél. 06 83 80 83 50
A lire, à signer, à télécharger, à imprimer, à diffuser…